Exposition du 3 décembre 2021 au 6 mars 2022 au musée des Tapisseries
Conçues à partir de dessins à l’encre de Chine ou à l’aquarelle, les vidéos expérimentales de Boris Labbé conjuguent les techniques du cinéma d’animation et celles de la numérisation. L’artiste y emprunte à l’imaginaire des peintres primitifs flamands, au cinéma expressionniste ou d’anticipation, aux classiques de la peinture et de la littérature et commerce avec des thèmes récurrents : répétition, métamorphose, disparition, renaissance, recommencement perpétuel…, dans lesquels forme et fond se fondent et se répondent.
Une « rétrospective * » d’une dizaine d’années des travaux de Boris Labbé est présentée actuellement conjointement au musée des Tapisseries et à la Galerie départementale 21 bis Mirabeau, incluant plusieurs installations audio visuelles en collaboration avec le compositeur Daniele Ghisi rencontré lors d’une résidence à Madrid. Boris Labbé a aussi participé au mapping qui a notamment animé la façade de l’église de la Madeleine durant les soirs de décembre dernier.
Le musée des Tapisseries propose, dans la galerie gothique, une interprétation du travail de scénographie que l’artiste a tout récemment imaginé pour le chorégraphe Angelin Preljocaj : Le Lac des Cygnes. L’installation vidéo retravaillée, re-sonorisée, ne garde du titre original que la première partie : Le Lac (2020). Les vidéos suivantes s’intéressent aux éléments primordiaux (l’eau, la fumée, les nuages, les oiseaux, la forêt, l’architecture, l’usine…) pour les mettre en tension permanente. A l’étage, d’autres travaux et films s’inspirent des danses et chants traditionnels des Aïnous, peuple du Nord du Japon (la série Sirki, 2020), des mouvements et glissements de terrain à l’origine de la formation des montagnes (Orogenesis, 2016), d’un organisme qui cherche à se renouveler, mais ne trouve jamais sa forme finale, faisant ainsi référence explicitement à Deleuze et Guattari (Rhizome, 2015).
En contrepoint, trois vidéos et des dessins préparatoires sont présentés à la Galerie départementale. Boris Labbé y montre un aspect profond et sombre de ses recherches. Avec « L’infini turbulent » il nous est impossible d’échapper aux grandes questions : nous et notre action sur l’environnement, nos schémas de construction physique, mentale, de fonctionnements sociaux etc…
Exposition à visiter jusqu’au 6 mars 2022 au musée des Tapisseries et jusqu’au 22 février au 21 bis Mirabeau, en méditant sur cette citation d’Henri Michaux : « On est entré dans une zone de chocs. Phénomène des foules, mais infimes, infiniment houleuses. Les yeux fermés, on a des visions intérieures. »